BAVER

JEAN DE SAGAZAN

 

13 - 30.11.2021

 

Ce soir, comme chaque soir, nous assistons non pas au lent déclin d’un astre unique vers l’horizon mais d’une quinzaine. Tous bavent au ralenti. Chacun d’eux possède des dégradés de couleurs spécifiques. On distingue presque un axe horizontal sur lequel les astres se sont positionnés. Il descend petit à petit. Depuis le zénith, un début de nuit. Autour de moi, les gens semblent trouver ça beau. A l’inverse, ce spectacle m’angoisse. Je ne suis apparemment pas le seul ; sur ma gauche, un homme, la trentaine, hurle. Je doute d’abord de la réalité de son cri, comme un rire inversé. L’homme tourne sur lui-même, je m’inquiète pour lui. Avec un visage grimaçant d’empathie, je tente un “Sir, are you ok?”. Il me répond par un rire d’âne, m’insulte de “faggot”, j’échappe à un coup de poing, puis détale à toute vitesse. Pendant qu’il me court après, nos ombres s’étirent. Elles changent de couleurs, le ciel brûle. Je cours plus vite et augmente la distance qui nous sépare. Il s'essouffle et me laisse seul dans ma course. Je continue et une ivresse peu à peu m’envahit.

 

Jean de Sagazan

 

The last dance 6.4, 2021, acrylique sur coton, 270 x 210 cm

The last dance 6.5, 2021, acrylique sur coton, 270 x 210 cm

The last dance 6.1 2021, gouache et acrylique sur coton, 61 x 50 cm

The last dance 8.1, 2020, acrylique sur coton, 61 x 46 cm

The last dance 5.6, 2021, gouache et acrylique sur coton, 61 x 50 cm

The last dance 9.1, 2021, gouache et acrylique sur coton, 61 x 50 cm

Photos : Melissa Boucher