Rrrhône
Niek Van de Steeg développe depuis les années 90 un travail organisé en grands projets mettant en place des programmes vraisemblables et parfois satyriques se référant de manière générale à l’administration et à l’économie, la bureaucratie ou de la publicité. S’inscrivant dans des logiques institutionnelles de prise en charge de l’individu et de la société, au travers de superstructures fictionnelles, son travail induit un rapport à l’utopie, mais aussi à la dérision tout en conservant une forme de poésie ou de sensibilité. Ses travaux et projets s’inscrivent toujours dans une forme de réalité prenant appui sur des sujets ou ter- ritoires réels (l’Île Seguin, le Rhône, le Contexte européen...), et jouant eux même de leur crédibilité en utilisant différents supports de diffusion évoquant parfois les systèmes de communication des agences, des architectes ou du pouvoir de manière générale : reportages télévisés, journaux, archives, portraits, exposition institutionnelle, etc.. Ces fictions institutionnelles structurent jusque-là d’une manière plus ou moins rigoureuse l’essentiel de l’œuvre de Niek Van de Steeg : Le Pavillon à vent, le Manège des douze, les Structures de correction, la Très Grande Administration Démocratique et la Maison des Matières Premières... L’exposition présente un ensemble de pièces récentes (peintures, céramiques et sculptures) s’inscrivant dans la généalogie du projet de la MMP, «Maison de la Matière Première», questionnant le rapport des res- sources à leur exploitation ou encore l’impact de l’économie et de la production sur le paysage. A l’entrée de l’exposition sont présentées un ensemble de pièces issues de la série des céramicibles, à la fois accrochées au mur et disposés sur un dispositif de présentation mobile (« Arrangement », 2017). Cha- cune de ces pièces circulaires (2013-2019), qu’elle soit en grès, fonte d’aluminium ou porcelaine, reconstitue à leur échelle un micro-relief et évoque une forme de carottage ou de prélèvement direct dans le paysage. Ici l’artiste en présente différentes variations, certaines aux motifs proches du camouflage ou d’une forme d’abs- traction, et d’autres figurant des perspectives anamorphiques rappelant les carrières et mines à ciel ouvert, excavés en spirale. Dans le second espace, l’artiste présente un ensemble de pièces nouvelles directement inspirées du fleuve qui donne son titre à l’exposition, mais énoncé comme dans un râle : RRRhône ... La palissade de la Maison des Matières Premières s’est ici couchée au sol, pour s’incarner dans un motif plus fluvial. Deux peintures à l’acrylique et à l’huile figurent le cours du Rhône et les marqueurs essentiels de son parcours (par exemples les montagnes, le lac Leman ou les centrales nucléaires), dans une perspective aplatie presque cavalière qui évoque autant des représentations médiévales que des représentations de l’enfer et du purgatoire chez Dante. De ces motifs l’artiste a réalisé une sorte de bas-relief en fonte aluminium, donnant un aspect qua- si-anachronique ou rétro-industriel à la représentation (« le Rhône », 2019). Aux murs deux autres pièces viennent compléter l’ensemble. « Fleuve » (2019) est une composition en frêne, donnant une représentation quasi abstraite d’un méandre, en rehaussant les veines du bois à la peinture à l’huile et suspendu au mur par des sortes de pieux en bronze. En regard de cette pièce, « Les Failles » (2019) reprend le même principe mais en y ajoutant des motifs plus figuratifs évoquant des failles océaniques ou des excavations, tout en y adjoignant un élément en céramique comme un puit, le cône d’un volcan ou une lentille optique. Enfin au sol, deux formes en grès et engobe, «Pot bleu» et «Pot noir» (2019), issues de ces mêmes re- cherches sont présentées telles quelles sur le sol de l’exposition recouvert de pages qui le recouvrent inté- gralement, déroulant le projet de la Maison des Matières Premières, et d’une histoire potentielle des matières premières ((Le café, l’amiante, le Yellowcake et l’uranium, l’aluminium, le PCB) et de sa pollution. Né en 1961, Niek Van de Steeg vit et travaille à Villeurbanne et enseigne au Beaux arts de Lyon. Originaire des Pays-Bas, son travail a été présenté à l’occasion de nombreuses expositions au FRAC PACA, au PARC Saint léger, au Parvis, au Quartier à Quimper, au CRAC à Sète au Dojo à Nice, le Lait à Albi, aux Abattoirs à la villa du Parc, au Magasin à Grenoble, au MAMAC Nice, à La Villa Arson au CCC... - http://www.niekvandesteeg.eu