du 04.05 au 26.02
SOFARSOGOOD, LE CABINET DE DESSIN.
« Mais cette Pauline, sera-t-elle d’accord? » c’est presque sur un malentendu que se décide l’extension chez Pauline Perplexe de l’exposition que Sylvie Fanchon prépare avec Émilie Renard à Bétonsalon en décembre 2022. Pauline Perplexe, ateliers et espace d’exposition installés dans un pavillon d’habitation impose son format domestique. Maison en meulière en sursis dans un urbanisme hésitant entre le lifting total — vers une conception programmatique de la ville — et ce qui persiste à se construire en attendant.
Presque par hasard, donc, s’établit que tout ce qui « n’entre pas » à Bétonsalon ira chez Pauline Perplexe. À savoir les pastels et les crayons sur papier, les dernières œuvres de Sylvie Fanchon. Une série de dessins consacrés aux injonctions du monde médical, réalisée à la table, quand la peinture demande trop d’énergie. Griffonnage épais où s’affichent péniblement des phrases à l’optimisme autoritaire. Cette série, enrichie de dessins issus de différentes périodes, agit en tant que doublure de l’exposition parisienne, transformant Pauline Perplexe en poche, revers où l’on montre ce qui n’a jamais été exposé. Les dessins, comme autant de preuves de soi directe, dans le creux d’une pratique de la peinture.
Dans ses dessins, Sylvie Fanchon définit des silhouettes de caractères rebondissant, dans différents états, littéralement. Des Toons aux contours dégraissés, baveux, dorment, déclament, foncent tout droit en regardant en arrière, apparaissent à plusieurs endroits, en différentes versions d’eux-mêmes. Des personnages mutiques aux pifs éloquents. Des phrases criardes en réserve, dictent un optimisme lisse. Des bulles évidées aux humeurs variables, mousseuses, fulminantes, prennent la forme de pensées ou de personnages dans lesquels se projeter. Des lignes continues se tracent pour se reposer et s’aplatir, flotter ou s’ancrer à la surface. Dessiner du blanc ou peut-être des blancs, du pictural pas vraiment là pour ça. Un casting qui n’existe que comme surfaces rattachées au réel, un réel aplati.
Sixième? Huitième? Pas d’ascenseur. Des toiles grands formats, des standards qui passent à peine, au centimètre, les interminables demis-paliers jusqu’à l’appartement? L’atelier ?
de Sylvie Fanchon. Traversant, une minuscule télévision, les fantômes d’anciennes toiles sur le mur opposé aux fenêtres. Parce que aussi sec que soit l’approche d’un·e peintre c’est toujours de la peinture, c’est toujours un mur blanc, cerclé de couleurs. Cuisine blanche, quelques couverts. Une porte, une chambre? Imprimante jet d’encre un peu âgée. Les traces d’une ancienne distribution d’appartements du dernier étage réunis. Dédoublement de fonctions. Une pièce: la salle de bain, des pinceaux. Une table, une pochette, Canson, 50×65, format raisin. La baignoire, vue sur cour, brouillée au blanc de Meudon.
BONJOURQUEPUISJEFAIREPOURVOUS? Étagère linéaire, des classeurs, A4, A3 pliés, A5, dessins, impressions. Toute une carrière résumée? Aller au plus vite, fouiller, choisir. Faire valider la sélection à Sylvie, à distance, sur photos. S’orienter dans un répertoire de formes. Ni trop ni trop peu. Rien n’est démultiplié, tout est plus aride, rien n’est obsessionnel mais tout est là. Il n’y a aucun mystère car il n’y a pas d’énigme. Sylvie Fanchon travaille ici, Sylvie Fanchon vit ici. Rien d’autre à voir que ce que l’on voit. Des dessins sont des dessins. Sylvie Fanchon nous dit d’en choisir pour les montrer chez nous, les jeunes gens.
Jusqu’ici, tout va bien.
Romain Grateau, Sarah Holveck et Fiona Vilmer.
Double exposition à Bétonsalon
(Paris 13eme) et à Pauline Perplexe.
Du 3 mai au 13 juillet 2024 à Bétonsalon,
commissariat : Émilie Renard.
Du 4 au 26 mai 2024 à Pauline Perplexe,
commissariat : Fiona Vilmer,
Romain Grateau et Sarah Holveck.
Plus sur : www.betonsalon.net