du 17.05 au 31.05



















Or, acier, céramique, soie, jean, 1785, 2008, 2024
Or, acier, céramique, soie, jean, 1785, 2008, 2024
Or, acier, céramique, soie, jean, 1785, 2008, 2024
Stylo, impression, gouache et huile sur papier, plexiglass
Jean-Alain Corre : Poisson ascendant poisson (double inner hair dancing slave stories).
Or, hotte aspirante, porte bébé, tee-shirt, 2000, 2017, 2018
Or, acier, céramique, soie, jean, 1785, 2008, 2024
Anne Bourse : Adorables Cochons d’Inde (il y a un petit trésor sauvage dans le sol caché).
Impression sur papier
Stylo, impression, gouache et huile sur papier, plexiglass
Encre et impression sur papier
Encre et impression sur papier
Encre et impression sur papier
Impression, feutre, huile et encre sur papier
Anne Bourse : Copycat pillows, and one that I stole from beggars along the parisian ring road, with both pleasure and guilt. Tissu, rembourage, huile, stylo et aluminium
Impression, feutre, huile et encre sur papier
Anne Bourse : Copycat pillows, and one that I stole from beggars along the parisian ring road, with both pleasure and guilt. Tissu, rembourage, huile, stylo et aluminium
Impression, feutre, huile et encre sur papier
Impression sur papier
Anne Bourse : Crime et Châtiment by Dostoïevski, the last part, not the best part.
Impression, huile et stylo sur papier
Impression sur papier
Ils sont nombreux autour du souper aux grands couverts. Sur la table d’amarante marquetée d’ébène et d’ivoire massif, ils mangent bien. Le président semble inquiet, le business siffle. Softy, lui, se marre. Il se cache le visage derrière son poing. Gêné, il se marre. Il observe de très près ceux qui ont l’air inspirés. Il les observe, les imite puis se frotte l’oreille avec le poignet et lèche son pouce. Quand il ne comprend pas, il ne sourit pas, et sourit trop quand on le regarde. Il se déplace avec les talons levés, ne marche pas vraiment mais court. Il porte la perruque argentée de Marie Antoinette, la mâchoire tendue vers l’avant. Après le repas, il est le premier à se ruer sur les coussins au sol et se balance, les mains sur la tête. Il s’allonge sur le dos, imagine qu’il se roule dans la paille, entouré de cochons d’Indes. C’est très doux, il est hilare. Brusquement il s’immobilise pour n’écouter que les sons qui glissent vite et les répète. Il écoute surtout ceux qui parlent en anglais parce que ça fuite plus. Les phrases involontaires qu’il intercepte et répète en boucle se noient dans le bruissement léger de la paille sèche. Enfin il sursaute, avance en rampant, serré contre le sol. Il se déplace, ne fait aucun bruit quand il se déplace, il retient son souffle. À le voir bouger ainsi on pourrait croire que c’est lui qui a lissé les sculptures et étranglé les poissons. Par moment il tapote et caresse les mollets des gens qui s’énervent, tapote et caresse. On lui a donné un peu de terre sèche pour qu’il s’occupe. Il la garde contre lui et avance doucement vers la fontaine, il pousse des petits cris aigus d’excitation. Une fois près de l’eau il crie plus encore et trempe la terre avec une délicatesse poussive, pose la terre dans l’eau et la retire vite en criant. Après ça il s’installe à côté et travaille inlassablement à rendre la terre plus coquillage et moins cailloux. Parce qu’il a de la terre sur le bout des doigts et sous les ongles, et qu’il l’humidifie avec le bout de sa langue, il repense à Johnny qui lui a montré comment lécher l’or. Quand il a fini, il s’asseoit, les jambes pliées de part et d’autre du traversin. Il se berce en ne regardant que le scintillement bleuté de l’écran et d’un geste brusque, écarte les personnes qui tiennent à le laver. Il fait penser aux divinités espiègles d’Afrique qui bousculent ou énervent pour éviter la permanence. Une telle divinité pour demeurer active doit être laissée insatisfaite. Lui, il cherche les caresses, n’importe lesquelles et va dans un coin, le ventre contre le mur, il se colle à tout. Près de lui il y a une fille qui gribouille dans un magazine. Il ne regarde que ses mains quand elle tourne les pages pour lui montrer ce qu’elle a fait. Elle lui raconte quelles sont les pages scannées, et celles qu’elle a rendu plus charnelles. Il l’aime bien parce qu’elle travaille souvent allongée et aussi ensemble des fois ils font du « cat spotting » et lisent les annonces amoureuses traduites par google. Elle lui explique qu’elle aime dessiner parce que c’est un moment replié qui s’étire. Pendant des mois sa main a tracé des tourbillons, des spirales, des gribouillages et des fausses écritures. Là, il lui arrache le livre des mains et déchiffre les phrases qui émergent avec une voix un peu bizarre et ça la fait rire. Avec son doigt il suit les lignes d’or tandis qu’elle frotte le papier pour étaler l’impression poudreuse. Après ça il joue avec la roulette du stylo bic, puis s’en sert pour caresser le poil fin des cochons d’Indes. On voit bien la trace du stylo et ça rend la surface nerveuse. Maintenant Softy en a marre et court aider Johnny qui fait pisser les poissons sur les mollets de Marie Antoinette. Elle pisse aussi et ça créer un espace démocratique. Ensemble, ils partent regarder les hommes, qui à trop vou- loir activer les fontaines de la cour du roi soleil se sont changés en prothèses. Alors Softy se pose sur Johnny pour admirer la performance des grandes eaux tout en chahutant d’une main distraite les lèvres molles qui ornent la gorge des poissons dorés. Après il coince ses jambes autours de sa cuisse et sautille, il sourit puis se fige le regard absent et oscille très doucement. Ses pieds se cambrent, ses orteils se croisent, cheville tordue.
Sarah Holveck
Une exposition d’Anne Bourse et Jean-Alain Corre sur une invitation de Sarah Holveck